PRENDRE ET PERDRE

 

Jean-François MATHÉ

 

Éditions ROUGERIE

 

ISBN : 978-2-85668-402-3

 

Avril 2018

 

80 pages

 

13 €

 

 

 

 

Le ciel, des oiseaux, l’air, le vent…

 

 

 

Partout était ta patrie ouverte/

 

 

 

Avec ces mots au registre aérien incarnant peut-être pour le poète les attributs de la poésie, c’est la liberté qui est donnée comme horizon aux premières pages du livre. Cette poésie qui permit à Jean-François Mathé de « Vivre au bord », aux lisières les plus vraies de la vie. En écrire est pour l’auteur une façon de déborder les rives de l’apparence des choses pour atteindre les réalités du monde.

 

 

 

Habiter le monde /en le débordant

 

 

 

La poésie est au centre du livre : son manque ou sa présence, son incarnation fugace ou vive et le poète habité de sa voix.

 

 

 

Les différents pronoms personnels dans les premiers poèmes : nous, il, je, toi… renvoient à des sujets que le lecteur tente d’identifier. Tâche difficile que de délier l’écheveau de la création poétique qui s’échafaude à l’écriture.

 

 

 

Le thème de la disparition et de la perte est aussi au centre du livre. Et le nous dans le vers ci-dessous semble regrouper deux êtres par-delà les frontières de la mort.

 

Le vent fermera la maison / après que nous serons partis/ vers cette saison, ce soleil.

 

 

 

Un monde onirique apparaît et s’y confond, un univers angoissant qui semble sans but et sans avenir.

 

Moment étranger au monde, / on dirait le vent empli de silence/et les rues ne menant nulle part,/

 

Et pourtant toi tu marches/ jusqu’à l’épuisement qui / te laisse debout au bord/ de lendemains qui ne t’appellent pas.

 

 

 

Avec la mort, n’est-ce pas aussi la crainte que la veine poétique ne tarisse chez l’auteur qui est évoquée ? Tout semble mêlé dans cet horizon sombre.

 

 

 

Qu’importe ce que tu me disais./Tu me disais ta voix.

 

 

 

L’écriture use de nombreuses métaphores. Elle revient sur un parcours de vie avec ses regrets et ses joies. Joies que la poésie ou l’amour vrai auront apportées. Regrets des espérances infructueuses et vaines. Avec ce retour au passé le poète établi le bilan d’une vie en quête de réalités qui ne furent pas illusoires ou factices.

 

 

 

C’est comme si aucun arbre/ n’était planté là où nous arrêtons/ mais toujours en arrière/ dans la précédente saison.

 

 

 

Le temps présent et le passé se recouvrent étrangement, comme en décalage. Cette quête du temps passé se poursuit avec l’ensemble Passages entre chien et loup. Ce titre m’évoque ici le passage d’une période de vie à une autre ? Regrets et désappointements transparaissent dans les poèmes. Et le poète fait un amer constat.

 

 

 

Tu tombes tel Icare déplumé / entre la vie haute et une vie basse / où il n’est ni rêve en tes nuits qui passent/ ni lumière dans ta lampe allumée.//

 

 

 

Pourtant la poésie est un toujours recours à la désaffection de la vie,

 

Comment reprendre souffle / quand l’arbre qui était en automne / est désormais en toi ?

 

 

 

Mais elle est parfois difficile à convoquer,

 

Et chaque matin c’est en allant chercher / les mots de plus en plus loin/ que j’écris un poème / qui déchire la page.

 

 

 

Le surgissement de l’écriture poétique semble s’être raréfié. Son manque accompagne le regret de n’avoir pas pu dire autant qu’il aurait été nécessaire.

 

 

 

J’aurai voulu dire/ et je n’ai pas dit.// il y a du sable dans le temps/ qui retarde mes mots/comme celui des flancs de dune / retarde les pas.//...

 

 

 

La voix est devenue moins audible pour le poète :

 

 

 

...// Et plus aucun appel n’est venu / de ce que tu avais pris pour une voix.//...

 

 

 

C’est par la métaphore encore que Jean-François Mathé évoque sa difficulté à continuer de transformer son désir dans l’écriture poétique,

 

 

 

Je cueille entre les fleurs leur ombre/ et j’en fais un bouquet de silence/ pour le vase sur la table de chevet./ Puis je poserai ma tête/ à côté du sommeil / en attendant qu’il me recouvre / de l’absence du monde.//...

 

 

 

Dans un poème, il revendique sa singularité d’être.

 

C’est moi que vous entendez entrer dans la nuit/ dans tout ce que vous êtes et possédez / pour le détruire/ pour qu’au vôtre jamais / ne ressemble mon ciel gardé pour plus tard.

 

 

 

Puis il semble douter : la poésie n’aurait-elle pas occupé une trop grande part sur le réel de vivre ?

 

 

 

Et qu’on regarde le ciel / avec ses étoiles qui lui viennent/ comme les larmes trop tard à nos yeux.

 

 

 

Le doute s’immisce comme une question existentielle au seuil d’un temps qui s’achève,

 

 

 

Y aura-t-il autre chose à dire ? / Tu ne sais, / maintenant que ce qu’il reste de temps / est un étroit balcon / face à la nuit qui masque la plénitude/ ou le vide.//…

 

 

 

Face au temps qui passe Jean-François Mathé s’interroge sur le moment ultime de sa disparition,

 

 

 

Peut-être n’auras-tu besoin / que du silence/ ou d’un cri/ quand tu auras franchi la balustrade.

 

 

 

dans un moment où la verve poétique paraît s’accorder à l’automne de la vie,

 

 

 

Le poème que tu avais posé sur la table/ n’a plus de page,/ plus de table, / il t’a suivi/ C’est désormais l’absence de tout / qui respire dans la maison.

 

 

 

Le livre est sombre avec ces fins annoncées mais il est porté par un regard sans fard ou la clairvoyance et la conscience de l’être sont attachées à la réalité, sans autres mensonges qui occulteraient la vie. Cette vie vraie que le poète revendique et qu’il quittera le regard de face en ayant accompli jusqu’au bout son destin.

 

 

 

Et quand la mort sera entrée et attablée,/ elle m’appellera comme on appelle un garçon de café,/ elle me demandera seulement que je lui apporte / un verre vide que j’aurai juste le temps / de poser devant elle avant de l’entendre se briser en moi.

 

 

 

Jean-François Mathé alors de rappeler à chacun :

 

 

 

..que j’ai su, / mieux que les écrire sur une page,/ faire danser dans l’air / la légèreté et la fugacité de la vie.

 

 

 

Et au lecteur de s’interroger sur ce qui est le plus important entre la poésie et le réel de la vie. Sans doute sont-ils pour le poète intimement mêlés !

 

 

 

hm

 

LIVRES PARUS

En collaboration avec Sophie Brassart pour les encres.
D'une vallée perdue à mes jours de mémoire -Ed. Au Salvart

Sur le site Le Pays d'Yveline, Un texte critique de Jocelyne Bernard sur l'ensemble de mes livres.

Sous l'odeur des troènes - Éditions Unicité.
Sous l'odeur des troènes - Éditions Unicité.

Sur le site de littérature colombien Panorama Cultural  quelques poèmes extraits de "Sous l'odeur des troènes " éd.Unicité,  Ils ont été traduits par la poète Maggy de Coster. Un grand merci pour elle !

"Origines du poème "- Éditions Au Salvart

Hervé Martin Digny : En frayant un chemin.

Un carnet numérique.Des notes,notes de lectures, poèmes, chroniques sur des numéros anciens de revues de poésie...

Editions Unicité
Recouvrer le monde suivi de Zone naturelle - Ed. Unicité
Dans la traversée du visage - Ed. du Cygne
Dans la traversée du visage - Ed. du Cygne

     Les livres

Métamorphose du chemin -Disponible chez l'auteur
Métamorphose du chemin -Disponible chez l'auteur
http://www.marc-giai-miniet.com/page27.html
Comme une ligne d'ombre -Disponble chez l'auteur et l'éditeur Marc Giai-Miniet
Au plateau des Glières -Ed. de la Lune bleue (épuisé)
Au plateau des Glières -Ed. de la Lune bleue (épuisé)
J'en gage le corps- Disponible chez l'auteur.
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Et cet éprouvé des ombres - Ed. Henry
Et cet éprouvé des ombres - Ed. Henry
Toutes têtes hautes - Ed. Henry
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   Photographies


Avec Véronique Arnault lors de la lecture de Métamorphose du chemin à la galerie Bansard. 15/11/2014
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Lecture Galerie Bansard le 15/11/2014
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27 mars 2011 - Chateau de Coubertin
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Lecture dans la réserve - 2 oct 2011 -Lydia Padellec & Hervé Martin
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