Merci à Roland Nadaus pour cette belle note de lecture disponible sur la site de la Maison de la poésie de Saint Quentin en Yvelines.
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Hervé Martin poursuit discrètement, trop discrètement, son œuvre forte. Mais Hervé Martin, s’il aime dire en public certains de ses textes, n’est pas un histrion ‒ de ceux que Théophile Gautier
(déjà !) dénonçait et qui, plus de cent ans après, envahissent les petites vitrines des petites boutiques poétiques où l’on se congratule entre soi afin d’occuper toute la place…
Non, Hervé Martin, lui, est un véritable poète ‒ et un homme vrai. Il est de ceux qui prennent le terrible risque de mettre en accord leur parole et leur vie, leur œuvre et leur personne, leur
présence sociale et leur vie intérieure.
Risque terrible en effet dans ces temps de contrebande où, du plus haut de l’État au plus bas des écrans, on ne voit et n’entend que tromperie sur la marchandise. Ce qu’on a appelé, référence
oblige, le « pharisaïsme » ‒ pour rester poli.
Avec « Métamorphoses du chemin » Hervé Martin donne l’exemple contraire : fidélité, droiture, cœurs unis, paroles brûlante
comme la langue
du pays oublié
La sensibilité dont il nous avait déjà donné de beaux exemples de lyrisme contenu, maîtrisé, s’exprime ici avec force ‒ mais une force humble : celle des êtres vraiment fraternels. Bien sûr, les
blessures de la vie s’accumulent avec l’âge, mais l’enfance est toujours là, avec ses joies et ses deuils dans la mémoire qui, ainsi que l’a proclamé Albarède, « chevauche en avant de nous
».
Un des derniers textes de ce recueil, plus fort que la nostalgie et la douleur qu’il célèbre, dit simplement ceci :
Ce n’est pas le temps
qui nous vieillit
mais l’absence de ceux
qui nous accompagnèrent.
Essayons donc d’écrire (et de vivre !) à la fois aussi fort et aussi clair…
Par Roland Nadaus