Impressions dans le paysage
Sous les douves
près de la chapelle
coule une eau
qui provient du coteau.
On ne la voit qu’à peine...
Elle surgit comme un rire
vive et claire
longeant un instant
le contrefort des pierres
qui soutiennent les douves.
Puis éblouie par la clarté du jour
elle poursuit son échappée
et à nouveau regagne
le sombre de la terre.
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Les grands platanes
sur le bord de l’étang
penchent leurs hautes silhouettes
vers les reflets de l’eau.
On jurerait qu’ils pensent...
Et parfois leurs écorces
aux multiples brisures
laissent poindre une fragilité
lorsqu’elles se confondent
avec le brun des feuilles
qui jonchent
le très profond de l’eau.
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En un fin ruisselet
le débord de l’étang
s’évide.
Il s’évade
en un lent clapotis
comme une eau qui sourit
d’échapper vive
à la stagnation plate de l’onde.
Il s’écoule
s’enfle
et rejoint au plus bas
le cours de l’Yvette
qui ramène toute eau vive
à la mer
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Sur les murs vestiges du verger
curieux lorsque l’on s’en approche
Demeure ce qui fut palissage
aux longs fils de métal rouillé
Il étayait autrefois les branches
d’anciens fruitiers qui portaient
Reinettes comices ou conférences
pour emplir des coupes en porcelaine
Ou en faïence et flatter les papilles
tout au creux des palais.
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Oblongue cette forme
que l’on trouve soudain
en un lieu du verger
surprend le promeneur.
Est-ce un ancien bassin
où par les jours chauds de l’été
on venait en maillot
prendre de premiers bains ?
Ou est-ce jardinière
pour créer aux beaux jours
un potager saillant
aux lignes colorées
aux formes légumières ?
Elle ne fut peut-être
cette forme oblongue
qu’un large pourrissoir
où l’automne venu
les jardiniers jetaient les feuilles
amassées dans le parc
préparant le compost
pour le printemps nouveau.
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d
es
doigts
je touche les
feuilles respire en elles
recherchant les odeurs qu’elles
exhalent Feuilles de bouleaux ou
d’aulnes feuilles d’érables et d’aubépines
feuilles de chêne J’observe les bourgeons
qui déploient dans ces feuilles naissantes, des
formes découpées uniques en cette heure qui naît
Nervures imprévues imprécises éternelles aux cycles
des saisons Mélangeant des couleurs de verts et des
pourpres imprononçables Verts mélangés aux verts
Formes imbriquées dans la forme Appelant nos
regards Qui ne savent pas dire autre chose
que cette joie qui monte En nous comme
sourires aux lèvres Invitant à la table
de cette frugalité notre joie partagée
Tous ceux que nous aimons du
creux de notre enfance Et
qui nous accompagnent
Tout le long
du chemin
toujours
Très
ten
dr
e
m
e
n
t
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Arbres géants
les Cyprès chauves
en hiver
semblent sans vie
Sous les branches
dans le lit de leurs fruits
les racines
qui remontent vers l’air
semblent fuir
l’eau calme de l’étang
Comme autant de bouches
happant pour subsister
hors du sol
un peu d’air à puiser
Pneumatophores dit-on
que ces bois arrondis de racines
qui surgissent de terre
le long de l’eau muette.
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